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La ville bleue du Maroc

Voyager en solitaire est une passion qui m’offre une liberté inégalée, une liberté où chaque pas tracé est une rencontre avec l’inconnu. Mais pour une femme, cette liberté peut parfois être teintée de vigilance, de choix stratégiques et parfois même de réminiscences de jeunesse où l’inconscience aurait pu coûter cher. Des nuits passées sous la tente dans des lieux non sécuritaires, ignorer les codes vestimentaires locaux, faire confiance au mauvais chauffeur, autant d’erreurs qui ont forgé ma prudence. Désormais, je m’arme de connaissances sur le pays visité et d’un itinéraire soigneusement tracé, une sagesse acquise au fil des années d’exploration. Pour mes escapades solitaires, je me tourne souvent vers les Routes du Monde, une référence qui ne m’a jamais déçue.

Vingt ans auparavant, une expérience malheureuse en Afrique avait éloigné ce continent de mes horizons de voyage, préférant l’Asie comme terre d’aventure. C’est Marie-Chantal qui m’a convaincue que l’Afrique avait changé depuis tant d’années, offrant désormais une palette de destinations qui méritaient grandement d’être explorées. Avec persuasion, elle m’a orientée vers le Maroc pour une reprise en douceur. Bien que réticente, mes rencontres avec Marie et Robert pour préparer mon itinéraire sur mesure, ont su me persuader qu’un voyage dans le Nord, loin des sentiers touristiques, correspondrait parfaitement à mes attentes.  Je me retrouve désormais à mi-parcours de mon périple dans le Nord du Maroc, installée sur une terrasse de la place centrale d’Outa el Hammam à Chefchaouen, captivée par la magie de ce pays. J’ai prolongé mon séjour, ensorcelée par cette ville bleue. Chefchaouen, un nom qui résonne comme une légende, une cité sortie tout droit d’un conte. Les murs, les portes, le sol, chaque élément peint d’une douce couleur bleutée, offrant un tableau enchanteur. La ville s’éveille lentement vers neuf heures, les commerces s’animant au rythme paisible de la vie locale. À 600 mètres d’altitude, bâtie à flanc de montagne, elle offre des panoramas à couper le souffle, surtout depuis le vieux fort espagnol qui domine la cité. Chefchaouen, avec plus de cinq siècles d’histoire, tire son nom du berbère, « les cornes », en référence aux deux sommets qui la protègent telles des sentinelles bienveillantes. 

Il y a aussi la kasbah aux murs rouges qui trône au beau milieu du vieux quartier, dans laquelle on peut visiter un donjon datant du XVe siècle. Ses jardins luxuriants invitent à la flânerie, offrant un refuge rafraîchissant loin de l’agitation citadine. Son musée vaut également le détour : Une plongée dans le passé à travers une collection fascinante d’armes ancestrales, des clichés révélant l’âme de la cité, et des étoffes aux couleurs chatoyantes, témoins du riche patrimoine artisanal de la région.Difficile de m’imaginer devoir quitter la ville bleue dans quelques jours. Chefchaouen, cette perle nichée au cœur des montagnes du Rif, est véritablement un trésor à découvrir au moins une fois dans une vie. Le Maroc, terre de contrastes et de richesses infinies, ne cesse de me surprendre et de m’enchanter à chaque détour de ses ruelles labyrinthiques. Entre les effluves envoûtantes des tajines qui mijotent dans les cuisines, les thés à la menthe savoureux, et les récits envoûtants de son histoire millénaire, je me sens privilégiée d’avoir ouvert mon cœur à cette destination d’une beauté à couper le souffle. Chaque instant passé ici révèle une nouvelle facette de ce pays aux mille nuances, confirmant mon coup de cœur pour cette terre où l’authenticité et la générosité se mêlent harmonieusement.

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