Presque confortablement assis dans un train de la catégorie « sleeper class » -cabine non ventilée- avec comme décor une petite famille indienne… Direction Bodh Gaya. La ville où bouddha aurait atteint l’éveil….moins d’une semaine à faire !!
Expérience divertissante que représente une ride de train en Inde !! À partir du moment où tu achètes un billet, c’est comme si tu pouvais t’asseoir un peu n’importe où, un genre de admission générale. Évidemment il y a aussi des classes supérieures où, avec un peu plus d’argent, tu peux acheter un pseudo confort de plus. Intéressant d’essayer les deux ! Par contre j’en suis pas encore, dans mon apprentissage de la culture indienne, à choisir la classe générale super économique où, comme partout en Inde, il y a surpopulation…Et où en tant que petit blanc-bec tu te fais regarder assez intensément !
À ma grande surprise je me retrouve maintenant à aimer ce pays de fou. Qui l’aurait cru….entouka pas moi! Je l’ai tellement détesté par moments… Avec seulement quelques jours à faire, je suis maintenant capable de me lever le matin et être content d’aller profiter de mes derniers moments ici.
Il parait que la ligne peut être très mince entre l’amour et la haine, entre aimer et détester ce pays. Quelques voyageurs m’ont effectivement fait part de ce sentiment mais je ne savais pas trop quoi en penser à vrai dire; j’avais tellement envie de l’aimer cette Inde.
Maintenant je ne peux que le confirmer. Je l’aime mais je me sens encore très fragile. C’est tellement venu me chercher à l’intérieur cette différence de culture, ça a tellement été confrontant. C’est tellement ce que j’ai vécu de plus dépaysant dans ma vie: Tout est tellement explosé, c’est tellement tout en même temps! C’est tellement coloré, c’est tellement beau, il y a tellement d’histoire, tellement d’architecture incroyable, tellement d’épices et de saveurs, tellement de dieux, des milliers de temples aussi intrigants les un que les autres, de chaleureux petits villages….mais en même temps ça pue tellement le tabarnak partout, tout est tellement détruit, ça peut tellement ressembler à une grosse poubelle publique.
Il y a tellement de bruit partout; le Klaxon en est infernal par moment, on retrouve tellement tout dans la rue, des vaches et leur caca, tellement de monde, tellement de motos et de vélos, des mariages, des mendiants, des enfants, des chèvres, des chameaux, des chevaux, des singes…tout tout tout ce que tu peux imaginer, tu vas le retrouver à côté de toi sur la route. Et à travers ce chaos il n’y existe aucune loi ni règlement. En fait oui il y en a mais on en a juste tellement rien à foutre, il y a trop de monde pour avoir des règles….la loi c’est celle de la jungle. Je suis surpris de constater qu’il n’y ait pas vraiment d’accidents jamais. Ils ont développé de très bons réflexes ces Indiens un peu macaques au volant de tout ce qui peut rouler… et oui ils font beaucoup confiance à leur karma.
Par moment il y a le petit côté arnaque, tant bien que tu finis par te méfier un peu de tout le monde, même de ceux qui font juste respirer ! Il y a la misère; on a tous entendu parler des bidons villes. C’est une triste réalité de voir des gens qui vivent avec aussi peu de moyen mais c’est une partie qui ne m’a pas trop frappé. Je pense que de voir la joie de vivre des petits enfants pauvres est venu prendre le dessus sur la pitié que j’aurais pu avoir. Dans le train comme dans la rue, comme partout ou tu mets les pieds, tous les moyens inimaginables peuvent être bon pour essayer de gagner ou de quémander 10 roupies (20 petit sous) ou même parfois quelques milles roupies. C’est clair qu’avec une population de 16 millions d’habitants seulement à Delhi, on peut rapidement tomber en mode survie ou l’on pourra faire n’importe quoi pour subvenir à ses besoins! Pour faire une comparaison avec Montréal, nous en sommes à 4 millions… Bon après je sais qu’il faut voir la superficie vs le nombre d’habitants au pouce carré….mais avec la rapidité d’Internet en inde j’ai abandonné mes recherches pour faire une comparaison précise…pis de toute façon il faudrait inclure aussi les vaches qui ne sont pas encore dénombrées…
Ouff que ça n’a pas été facile par moment. On en a même compté les dodos restants. Thank God, vous pouvez en choisir un: il en a 33,000 ici.
Thank God, il y a quand même eu quelques moments forts dans cette aventure folle.
Merci à nos guides Indiens, devenus maintenant des amis. Des personnes exceptionnelles, généreuses, tellement vraies. C’est clair que sans vous cette Inde aurait été si différente.
En premier, juste de faire la rencontre de ce Pradeep national c’est une expérience en soit ! Pradeep étant notre premier guide indien mais qui ne ressemble pas vraiment à un indien ! Que de belles découvertes au niveau culinaire, son Inde il la connait bien ! Mon coup de cœur; une balade en moto à travers le désert du Rajasthan et que dire de cette nuit magique sous les étoiles… partir en chameau pour aller dormir dans les dunes de sable !
Ensuite la région de Rishikesh, lieu de naissance du yoga. La ville est belle, on se sent bien. L’eau du Gange est presque turquoise, un endroit de presque calme où j’aimerais bien un jour aller passer un petit moment. Merci a Hari, notre 2eme guide, une super belle rencontre, une incursion au cœur de sa vie familiale…
Vient ensuite Varanasi, presque au top de mes villes préférées en Inde ! Ce charmant, attachant et sympathique Gagan…. tellement dévoué, on se reverra, c’est certain ! Ironiquement, Varanasi c’est la ville la plus salle que je n’ai jamais visité. La ville est remplie d’odeurs dégueulasses… Aucune idée pourquoi mais je suis passé assez rapidement par dessus tout ça, même après avoir fait l’expérience de holy caca shit chaud de vache entre les orteils. Je peux enfin voir et sentir un peu plus de spiritualité. Varanasi c’est ce lieu où l’on fait brûler les morts sur le bord de la rivière avant de jeter les cendres dans le Gange. Ce même Gange ou l’on va aussi se purifier, se laver et se baigner !!!
Ici on passe du vert turquoise de Rishikesh à un brun un peu moins invitant. Cela ne m’aura pas empêché d’aller nager un peu – sous l’influence de Gagan – et de me retrouver à traverser ce Gange sacré à la nage ! Peut-être des maladies de peau suivront mais je serai béni pour un petit moment….Une promenade près des lieux de crémation, ça veut dire d’entrevoir des parties de corps entrain de brûler… Cela peut nous apparaître bien horrible mais non justement c’est fait avec beaucoup de respect; les gens ici n’ont pas la même relation avec la mort. C’est vraiment une longue cérémonie religieuse… Le plus choquant pour moi a été de constater que les femmes ne sont pas invitées. Les hommes avec le corps pendant que les femmes se recueillent à faire je ne sais trop quoi à la maison… Pour moi ça ne fait pas de sens mais je respecte tout de même cette tradition.
Une autre réalité que je ne peux vraiment juger.
Merci à Monique Ji, Deepak et son équipage pour cette magnifique descente du Gange en bateau. Bravo vraiment, pour moi ça été l’élément déclencheur afin que je puisse faire enfin la paix avec votre pays et votre culture. Ching chong ching ping pong ping.
Pour finir une mention spéciale à la ville de Dharamsala, haut lieux de résidence de sa sainteté le Dalaï Lama. Je pense que cette ville et ce coin de pays dans les montagnes de l’Himalaya aurait plus se retrouver dans mes coups de coeurs n’aurait-ce été du froid, de la pluie et de la neige… Difficile de vraiment profiter de la vie étant emmitouflé dans 3 couvertures avec une tuque. Cela à été notre réalité pendant presque une semaine et demie. J’ai espoir d’y revenir un jour avec plein de soleil dans mon cœur ! Je suis vraiment interpellé par le bouddhisme et les Tibétains. Je les trouve fascinant, heureux, beaux….et même après tout ce qu’ils ont plus vivre. J’ai super envie d’en apprendre davantage, ça sera peut être le but d’un prochain voyage.
Un énorme merci à Robert Bérubé et Les Routes du Monde, qui m’a tellement fait rêver avant de partir et qui a tout préparé cette folle aventure en Inde. Qui m’a offert le privilège d’avoir Pradeep, Hari et Gagan comme guides, amis, accompagnateurs. Je pense que c’est toi Robert qui a dit que l’Inde n’est pas nécessairement fait pour être aimé. Simplement qu’il faut observer et ce sans juger et sans comprendre… Ben voilà c’est le secret ! Par contre il y a une grosse étape de détachement à franchir avant d’y arriver ! C’est un sentiment difficile à comprendre avant d’y mettre les pieds.
Certainement que si tu t’en sors vivant, l’Inde laissera des traces gravées à l’intérieur. Ce matin je me vois dans le tuk tuk à observer la vie et réaliser que c’est bientôt la fin… j’en ai presque braillé ! Tu ne peux pas en sortir indifférent; pas d’autre choix que de changer la vision de ta vie, de remettre tes valeurs à la bonne place. C’est clair que dans ce désordre total on a quelque chose à retenir de ce mode de vie et leur philosophie.
Pour le moment une incursion de 2 mois me suffit amplement… je « débarrasse » loin de cette folie… besoin d’un peu de calme… mais j’ai l’impression que j’ai quelque chose à venir rechercher ici… à suivre.
En espérant maintenant qu’après mon passage en Inde je ne trouverai pas trop fade mes prochaines destinations ! Et espérant aussi de ne pas trouver ma vie trop plate !!!!!!
Stéphane V.
Mars 2015