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Retour à la maison après un grand voyage

 Le retour à la maison après une grande aventure pourrait et même devrait être considéré comme une étape à part entière du voyage.  Mettre la clé dans la serrure de sa porte pour pénétrer chez soi après une absence de plusieurs semaines voire parfois de plusieurs mois est un moment un peu étrange, chargé d’émotion quelques fois fort contradictoires.  C’est la joie d’un retour sain et sauf à la maison, la peine de voir se terminer une grande aventure, la joie de revoir ceux qu’on aime et qui ont suivi notre périple à travers nos courriels, la peine du retour à la vie « normale » où tout est plus désert Egypteprévisible, la joie de se retrouver chez soi dans ses affaires, dans son lit. La peine des images perdues, des couchers de soleil, du sable du désert, des petites rues de pavés bordées de fleurs et des champs de tournesols, la joie d’une bonne bouffe maison préparée par sa mère ou des amis.  La peine de ces rencontres perdues avec ces voyageurs venant de partout dans le monde, aux vécus si différents.

On met beaucoup de temps et beaucoup d’énergie à préparer un grand voyage, parfois bien des sacrifices auront dû être consentis pour nous permettre d’arriver à nos fins. Peut-être est-il normal, dans ces conditions, d’éprouver toutes sortes d’émotions au retour.  Et puis un retour, c’est aussi la constatation un peu troublante que nos économies durement gagnées se sont envolées.  Le spectre du retour au travail et la pensée de devoir tout recommencer si on veut repartir de nouveau nous habite.

Après la joie première d’être de retour chez soi, après avoir retrouvé ceux et celles qu’on aime, on a aussi vite fait de constater que bien peu de choses ont bougé dans la vie et le quotidien de nos proches, alors que pour notre part, on revient transformé et grandit par l’expérience que l’on vient de vivre.  Sur la route, nos sens sont en éveil comme jamais, ils sont hyper stimulés.  On fait des rencontres, on rit, on pleure, on se décourage, on s’extasie.  Dans notre quotidien, nous ne sommes pas soumis à ce flot d’émotions journalières.

Mais alors, mais alors, mais alors… la vie, dans son quotidien, serait-elle moche ?  Vais-je vraiment être contraint de repartir à nouveau pour ressentir une fois de plus cette vibrante énergie qui m’a tant plu lorsque j’étais sur la route ?  La réponse à ces questions est : Non.  Rassurez-vous, il est normal de ressentir une sorte de « blues » lorsqu’on ré-atterrit après un long séjour à l’étranger. 

Revenir et reprendre où on a laissé n’est pas toujours facile. Donnez-vous les moyens de digérer votre aventure à votre rythme, en vous octroyant quelques jours de repos, si vous en avez la possibilité, pour vous remettre du décalage horaire et pour la chance de reprendre contact en douceur avec la réalité de la vie quotidienne. Évitez, du moins, de rentrer au travail le lendemain d’une arrivée.  Faites-vous ce cadeau. 

Chacun son rythme, chacun son blues du retour.  Soyez à l’écoute de vos émotions et respectez-vous.  Donnez-vous la permission d’être triste, un peu vide à l’intérieur, nostalgique.  Donnez-vous la permission de trouver votre quotidien un peu insignifiant, votre vieille robe de chambre définitivement défraîchit.  Écrivez quelques lignes dans votre journal de voyage, ça fait grand bien.  Les jours ou les semaines qui suivent un retour sont souvent entouré d’un voile.  C’est l’heure du bilan.  Et si je n’aimais plus ce travail que je fais depuis trop longtemps ?  Et si je réalisais que cette vie qui a été la mienne depuis ces dix dernières années ne me convenait plus ?  Questionnement, introspection vont souvent de paire avec le retour d’un grand voyage.  Chose certaine, ce blues passe, il vous abandonnera dans quelques jours ou quelques semaines aussi simplement qu’il est venu. 

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