Nous ne pouvons rester insensibles aux manifestations mondiales sur le climat. Comment ne pas voir, ne pas comprendre. Il était temps. Les climats de notre planète, que l’on regardait du coin de l’œil il n’y a pas si longtemps, nous apparaît maintenant comme un gros bouton rouge sur le bout du nez. Voyager ou pas, prendre l’avion ou pas ?
Mon avis sur les voyages
Je voyage moi-même depuis longtemps. Je n’ai jamais eu honte de prendre l’avion, au contraire, à chaque fois, je suis heureux, de me rendre au bout du monde. Voir, sentir, l’autre monde, mes amis(es) du bout du monde.
Prendre l’avion pour aller voir oui, mais pas n’importe comment. Le monde du tourisme d’aujourd’hui doit prendre conscience de ses méfaits. L’avion pollue bien sûr. Mais le tourisme de masse aussi, voire plus! Ces bateaux de croisières de 4000 passagers qui débarquent depuis des années aux différents ports du monde entier sont une aberration. Les gros groupes de voyageurs, 25 ou plus, sont également une aberration. Comment choisir une telle option pour découvrir le monde. L’industrie du voyage doit se responsabiliser. Choisir, planifier des itinéraires qui éviteront d’envoyer des passagers tous au même endroit.
Je n’en démords pas. Si le monde aérien cesse, cela fera encore plus mal à notre terre. Le tourisme contribue à l’essor du monde, à la compréhension les uns des autres. On parle ici de tourisme responsable. Bien sûr. Un voyageur qui s‘envole vers l’ailleurs, s’apprête aussi à contribuer à la découverte du monde, s’ouvre aux partages des cultures, à apprendre des autres, à loger dans leurs petits hôtels, à découvrir leurs quotidiens. Voyager c’est aussi devenir un meilleur être humain. Devenir quelqu’un de plus responsable.
Quand on embarque sur un bateau monstre de 4000 passagers, est-on responsable ?
Ma petite expérience
Je me promenais récemment sous cette magnifique lumière sur Montréal. Et je pensais à toutes ces villes monstres que j’ai vu dans ma vie. Comment penser que l’avion est responsable à lui seul de tout ? Rien qu’à penser à des villes comme Calcutta, Bombay, Delhi, Le Caire, Paris, New York, Madras, Tokyo, Pékin, et j’en passe, toutes des villes monstres qui sont elles aussi responsables de la détresse de notre belle terre. J’étais il n’y a pas longtemps à Pékin. Voilà une ville qui a commencé à responsabiliser ses actions. À peu près tout est électrique. Les Bixis, les autos, les bus, les cyclos à ordures mêmes, sont électriques.
Je suis de ceux qui croient que le travail est commencé à bien des endroits. Les voitures électriques se vendent de plus en plus. Les gens polluent de moins en moins. Nous sommes comme jamais, à mon très humble avis, sur la bonne voie. Les jeunes d’aujourd’hui sont nos dirigeants de demain. L’Avenir s’annonce meilleur, plus net, plus propre.
Le vrai problème
Le voyageur bien-pensant qui annonce que c’est terminé, qu’il ne prendra plus l’avion, ne semble pas conscientiser le côté négatif de cette décision. Ce n’est pas voyager le problème, c’est comment nous voyageons le problème.
Le voyageur (se) qui se rend en Asie pour se reposer un peu, abîme combien moins que les équipes professionnelles de Hockey. Jet privé, équipe de commentateurs, combien de vols par année ? Comment ne pas penser aussi à la Formule Un, qui, à la face du monde entier, promènent ses voitures de millionnaires en changeant de villes toutes les semaines ? Comme le dit Greta, « comment avez-vous osé ? »
Les ornières des bien-pensants peuvent devenir dangereuses. Le monde, la planète sans avion créera des solitudes, d’immenses solitudes.
Des solutions ? augmenter les tarifs ? Comme le Bhoutan, qui demande 250$ (us) par personne et par jour pour visiter leur terre du bonheur national brut. Résultat, seulement 20000 étrangers par année qui y respirent l’air pur. Cinque Terre en Italie, devrait prendre aussi ce type de décision. Et Venise… Allons s’y, purifions l’atmosphère.
Quelques exemples
Comme mentionné par Violaine Ballivy dans la presse du 26 avril dernier, il faut revoir notre façon de voyager, par exemple :
- Privilégier le train pour les liaisons internes : Paris-Montréal en avion, d’accord. Mais Paris-Genève en train. Et que dire d’un Montréal-Toronto, il serait grand temps !!!
- Privilégier les vols directs, même s’ils sont plus chers. Le plus court trajet entre deux points pollue moins, c’est logique. Mais on évite aussi un deuxième décollage, l’étape la plus gourmande en kérosène du voyage.
- Voyager léger, avec le moins de bagages possible, car plus l’avion est lourd, plus il brûlera du kérosène.
- Concentrer ses vacances : au lieu de faire trois petits voyages dans l’année, on en fait un, plus long. D’une part, on prendra moins l’avion et d’autre part, on pourra mieux explorer la destination.
- Voyager en classe économique. Plus il y a de passagers à bord d’un avion, plus petite est l’empreinte moyenne de chacun.
- Acheter des compensations carbones auprès d’une organisation reconnue, par exemple, qui sont certifiées par l’organisation GoldStandard.
Aux routes du Monde, nous privilégions depuis plus de 20 ans les voyages de plus longues durées, en petit groupe, en utilisant des petits hôtels locaux et non de grosses chaînes internationales, de petits restaurants locaux, etc. Cette façon de voyager minimise les impacts environnementaux de nos voyageurs, mais assure également que l’argent investi dans un pays reste dans le pays plutôt que d’atterrir dans les poches d’une grande corporation américaine!
Cesser de voyager, certainement pas! Mieux voyager, certainement!
Robert Bérubé
Fondateur de l’agence les Routes du Monde